Cancer du sein et lymphœdème

Chaque jour, plus d'un million de cancers du sein sont dépistés à travers le monde. Selon le Global Cancer Observatory, le cancer avec la plus haute incidence et le plus haut taux de mortalité chez la femme en Europe en 2020 est le cancer du sein. La Belgique se situe en tête des pays d'Europe en terme d’incidence avec plus de 11.734 nouveaux cas par an calculés en 2020, soit une fréquence de 200 nouveaux cas diagnostiqués par an pour 100.000 femmes. Son traitement se fait principalement via un acte chirurgical consistant en une ablation de la tumeur (tumorectomie) ou une ablation du sein (mastectomie) avec ou sans adénectomie axillaire (prélèvement de ganglions lymphatiques), combiné ou non à de la radiothérapie et/ou chimiothérapie. Grâce à de nombreuses campagnes d’information et de dépistage ainsi qu’à un traitement chirurgical à faible morbidité, le cancer du sein est devenu une maladie bien prise en charge.

Il existe cependant comme pour tout acte médical des complications possibles. L’une d’entre elle est le lymphœdème secondaire du membre supérieur communément appelé « Gros Bras ». Suite à la chirurgie, le flux lymphatique peut se retrouver interrompu ce qui mène à une accumulation de liquide au niveau du membre supérieur et donc à un gonflement progressif de celui-ci. Si le cancer du sein et donc le risque de mortalité est écarté, il n’en reste pas moins que le lymphœdème peut mener à une situation très handicapante : diminution de la fonction, diminution de la mobilité, troubles de la sensibilité, altération esthétique, … Les conséquences peuvent être nombreuses et peuvent impacter lourdement la qualité de vie de la patiente.  Selon la communauté scientifique l’incidence du lymphœdème pourrait varier de 6 à 30% dépendamment de nombreux facteurs comme le nombre de ganglions prélevés lors de la chirurgie de cancer du sein.

Si cette complication grave peut sembler effrayante pour la patiente, il existe cependant des traitements possibles dont la prise en charge en kinésithérapie. Celle-ci se fera via le drainage lymphatique manuel (DLM), la pose de bandages multicouches (BMC), la pressothérapie pneumatique intermittente (PT), les soins de la peau, la pose de compressions élastiques ainsi que la promotion d’une bonne hygiène de vie notamment via la pratique de l'activité physique. Cette dernière aurait une incidence positive sur plusieurs aspects de la vie des patientes tels que: réduire la fatigue liée aux traitements, améliorer la qualité de vie ou encore diminuer les récidives des cancers du sein.

Le traitement physique se passe en deux étapes :

La première est appelée phase de traitement intensive. Elle consiste en un traitement physique journalier pendant généralement 4 à 8 semaines. Le but de cette phase est de parvenir à une diminution importante du volume du membre atteint. Une fois que le volume du membre atteint est stable et minimal, le patient passe à la phase de traitement suivante.

La deuxième phase est appelée phase de traitement d’entretien. Ici la fréquence de traitement diminue progressivement afin de favoriser l’autonomie progressive du patient. Le but de cette phase est de parvenir à stabiliser le volume du membre atteint. Dans cette phase, le kinésithérapeute vous accompagne et vous conseille afin de retrouver un rythme de vie normal.

En cas de gonflement d’une partie du corps ou de sensation de lourdeur suivant un traitement oncologique il est donc important de se poser des questions et d’en parler à un professionnel de santé connaissant cette problématique. Si le lymphœdème peut être traité, sa prise en charge nécessite d’être rapide afin de maximaliser les effets du traitement. Face à un symptôme, à la douleur ou à un changement que vous percevez dans votre corps, ne vous laissez pas aller à la fatalité et laissez nous vous accompagner.

Romain Barbieux, Kinésithérapeute

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